Former autrement : l’alternance au cœur de la montée en compétences en finance, comptabilité et audit
À Madagascar, les métiers de la finance, de la comptabilité et de l’audit évoluent rapidement sous l’effet de la digitalisation et des nouvelles exigences de conformité. Face à ces enjeux, la formation professionnelle par alternance s’impose comme un levier stratégique pour renforcer l’employabilité des jeunes et répondre aux besoins des entreprises.
Un cadre légal déjà en place mais encore insuffisant
La formation en alternance est encadrée par la Loi n°2014-040 sur la formation technique et professionnelle, ainsi que le Décret n°2019-263 fixant les conditions de mise en œuvre de l’alternance à Madagascar. Ces textes reconnaissent l’alternance comme une modalité pédagogique officielle, articulant temps de formation en centre et temps en entreprise.
Ils posent les fondements d’un contrat d’alternance, prévoient le rôle des établissements agréés et définissent les obligations de chaque partie (centre, entreprise, alternant). Toutefois, leur application reste limitée : peu d’entreprises connaissent le dispositif, aucun incitatif fiscal n’est prévu, et la couverture sociale des alternants est encore floue.
L’alternance : une solution concrète pour l’employabilité et la compétitivité
Le centre Asfifo, agréé pour l’alternance, démontre l’impact de ce modèle. En intégrant des modules en comptabilité, finance, audit interne et externe, appuyés par une plateforme d’e-learning et un encadrement sur le terrain, Asfifo forme des profils immédiatement opérationnels.
Grâce à l’alternance, les entreprises peuvent former selon leurs besoins réels, tester avant d’embaucher, et réduire les coûts liés à l’intégration. Pour les jeunes, c’est une voie directe vers l’emploi, avec des taux d’insertion supérieurs à 80 %.
Ce qu’il faut renforcer
Pour que l’alternance prenne toute sa place dans le système productif malgache, plusieurs ajustements sont nécessaires :
- Clarifier le statut de l’alternant, notamment en matière de rémunération minimale et de protection sociale.
- Introduire des incitations fiscales pour les entreprises d’accueil : déductions, crédits d’impôts ou exonérations temporaires.
- Créer un fonds de soutien à l’alternance, co-financé par l’État, les bailleurs et le secteur privé.
- Valoriser l’entreprise formatrice par un label ou un avantage dans les appels d’offres publics.
Conclusion
L’alternance n’est pas seulement un format pédagogique : c’est un outil puissant de transformation économique. Dans les métiers de la finance, comptabilité et audit, elle permet d’allier rigueur académique et réalité de terrain. Le cadre légal existe, mais il doit être renforcé et adapté. L’exemple d’Asfifo prouve qu’avec une stratégie claire et des réformes ciblées, l’alternance peut devenir un moteur d’employabilité et de compétitivité durable à Madagascar.
Tantely RAHOELIARIVAHY
Expert comptable – Enseignante – Formatrice